Sonko et l’avion présidentiel : la polémique ne cesse pas
12 août 2024Le Premier ministre sénégalais, Ousmane Sonko, a utilisé, samedi, l’avion de Commandement présidentiel pour se rendre à Kigali (Rwanda) au nom du Président Bassirou Diomaye Faye.
Pour son premier voyage officiel à l’étranger, samedi dernier, le Premier ministre Sénégalais n’a pas fait les choses à moitié. Ousmane Sonko a reçu tous les privilèges afin de représenter le chef de l’Etat, Bassirou Diomaye Faye, à la célébration du 5e mandat du Président Paul Kagame.
C’est à bord de l’avion de Commandement présidentiel qu’il s’est rendu à Kigali, la capitale Rwandaise, pour assister à la cérémonie d’investiture. Laquelle dérogation a suscité beaucoup de commentaires sur les réseaux, selon L’OBS.
«Sonko est à Kigali pour célébrer le 5e mandat de Paul Kagame, réélu à 99,17% des voix. On espère qu’il va rentrer à temps pour laisser l’avion de Commandement présidentiel à Bassirou Diomaye Faye, pour éviter au chef de l’Etat de devoir se rendre en France par vol commercial», écrit sur sa page X l’Administrateur général du groupe Avenir communication, Madiambal Diagne.
«A plusieurs reprises, le Président a voyagé avec sa famille, en compagnie du Premier ministre. Cela arrive tout le temps. L’avion présidentiel a convoyé l’équipe nationale du football. Mais le Premier ministre, voyager seul, à bord de l’avion de commandement, sans le Président, je ne l’ai jamais vu auparavant. Je n’ai pas souvenance de cela. C’est comme si un Vice-président des Etats Unis prenait Air Force One. Cela ne se passe pas comme cela», embraie un observateur qui juge le fait non seulement inélégant, mais aussi capable d’accroître toutes les spéculations déjà existant sur le pouvoir de Ousmane Sonko.
A son avis, se déplacer seul avec l’avion présidentiel, c’est tout un symbole pour le Premier ministre. Très au fait des affaires étatiques, une source de L’OBS qui s’est exprimé sous couvert d’anonymat soutient qu’en Afrique, en général, un avion présidentiel ne bouge que pendant les voyages du chef de l’Etat.
Il commente repris par L’OBS : «Prendre un avion présidentiel avec tout ce que cela coûte comme train ne milite pas en faveur de la rationalisation des dépenses de l’Etat.»
«Macky Sall avait donné l’avion présidentiel à Mahamad Dionne pour le représenter à l’étranger. Mais le Premier ministre Dionne avait assez de tenue et de délicatesse pour s’interdire la Cabine présidentielle, encore moins dormir dans le lit du président de la République», enchaîne Madiambal Diagne.
Moundiaye Cissé, Directeur exécutif de l’Ong 3D, ne formule aucune objection. Pourvu que cela reste un usage inhabituel. Cela deviendra inquiétant, selon lui, quand le fait s’avèrera être récurrent. Prendre l’avion présidentiel pour aller représenter de manière officielle le chef de l’Etat et à titre exceptionnel, Moundiaye Cissé n’y voit aucun inconvénient.
«Je suis contre le misérabilisme. Il n’y a pas de vol direct Dakar-Kigali. Un Premier ministre qui prend un vol ordinaire pour faire des escales avant de continuer sur Kigali, on peut s’en passer. L’avion, c’est un outil de travail. Tant qu’il n’y a pas abus d’usage par le Premier ministre, cela ne me pose aucun problème», argumente-t-il.
La rationalisation des dépenses de l’Etat, croit-il savoir, va au-delà de la question de l’avion de commandement. «Cela commence par la rationalisation des agences et des institutions comme le Haut conseil des collectivités territoriales (Hcct)», soutient le Directeur exécutif de l’Ong 3D.