Présidentielle au Tchad: d’autres dynasties politiques en Afrique
3 mai 2024A l’image du clan Déby, au pouvoir au Tchad depuis une trentaine d’années et qui a de grandes chances de s’y maintenir lors de la présidentielle lundi, plusieurs pays africains sont dirigés par des dynasties familiales.
Au Tchad, Idriss Déby père et fils –
Président de la transition tchadienne et grand favori de l’élection présidentielle le 6 mai, Mahamat Idriss Déby Itno a succédé à son père Idriss Déby Itno à la tête de ce pays pauvre du Sahel qu’il a dirigé d’une main de fer entre 1996 et 2021.
Proclamé président de transition par l’armée à la mort de son père en 2021, le général Déby est quasiment assuré de rester au pouvoir après l’assaut meurtrier de l’armée contre l’un de ses principaux rivaux, Yaya Dillo, et l’invalidation d’autres candidatures par le Conseil constitutionnel dont il a nommé les membres.
– Au Togo, la dynastie Gnassingbé –
Au Togo, où des élections législatives viennent de se tenir, le président Faure Gnassingbé est l’héritier d’une dynastie au pouvoir depuis plus d’un demi-siècle dans ce petit pays de 8 millions d’habitants où 40% de la population vit sous le seuil de pauvreté.
Faure Gnassingbé, surnommé « Bébé Gnass » par ses adversaires politiques, s’est hissé au sommet de l’Etat en 2005 au décès de son père. Célibataire et sans descendance officielle, il a été réélu à quatre reprises dans des scrutins contestés par l’opposition.
Avant cela, son père Gnassingbé Eyadéma avait pris le pouvoir en 1967 lors d’un coup d’Etat et s’était maintenu à la tête du pays jusqu’à sa mort malgré l’introduction du multipartisme en 1991.
En Guinée équatoriale, le clan Obiang –
A la tête de la Guinée équatoriale depuis 1979, Teodoro Obiang Nguema Mbasogo détient le record mondial de longévité d’un chef d’Etat encore vivant, hors monarchies. Il est suivi de peu par Paul Biya, 91 ans, président du Cameroun depuis 1982, quand Denis Sassou Nguesso, 80 ans, cumule 40 années à la tête du Congo-Brazzaville.
Arrivé au pouvoir à la suite d’un coup d’Etat, Teodoro Obiang dirige la Guinée équatoriale, petit pays pétrolier d’Afrique centrale, d’une poigne de fer depuis près de 45 ans.
Il a désigné son fils aîné, Teodoro Nguema Obiang Mangue, plus connu sous son diminutif Teodorin, pour lui succéder, en le nommant en 2016 vice-président de la République. Teodorin a été condamné par la justice française en 2021 pour s’y être constitué frauduleusement un luxueux patrimoine dans le cadre des affaires de « biens mal acquis ».
En Ouganda, Museveni organise sa succession –
Yoweri Museveni, qui dirige l’Ouganda d’une main de fer depuis 1986, a promu en mars 2024 à la tête de l’armée son fils Muhoozi Kainerugaba, général de 49 ans, désormais pressenti comme son successeur.
A la tête de ce pays d’Afrique de l’Est de 45 millions d’habitants, M. Museveni, 79 ans, est également l’un des dirigeants africains les plus anciennement installés.
– RDC et Gabon, deux cas récents –
En République démocratique du Congo (RDC), avant l’élection de Félix Tshisekedi en décembre 2018, le pays a été dirigé par Laurent-Désirée Kabila de 1997 jusqu’à son assassinat en 2001 à Kinshasa. Son fils Joseph lui succède jusqu’en janvier 2019, après deux mandats et une crise politique consécutive au report de la présidentielle.
Au Gabon, Omar et son fils Ali Bongo ont régné pendant plus d’un demi-siècle. Omar Bongo accède au pouvoir dans ce pays pétrolier en décembre 1967, est réélu en 1973, 1979, 1986 puis, malgré de graves troubles sociaux et l’introduction du multipartisme, remporte aussi les scrutins en 1993, 1998 et 2005.
Après son décès en juin 2009, son fils Ali Bongo lui succède et se maintient au pouvoir jusqu’en 2023 malgré tensions sociales, scrutins contestés, enquête française pour « biens mal acquis » et tentatives de coup. Il est renversé en août 2023 par un coup d’Etat militaire.