Pastef: le « Projet » est devenu aujourd’hui partage du gâteau
16 mai 2024« Les premiers reniements de Pastef ». La chronique de feu de mon excellent confrère Mbaye Sadikh, publiée dans la foulée des premières nominations du président Diomaye Faye au niveau des directions et agences, avait suscité l’ire de beaucoup de « patriotes ». Peut-être qu’à la place de « reniements », ils préféreraient « récompenses ». Oui, de très succulents bonbons pour soulager (enfin) tous les vaillants guerriers qui ont pris part à la fameuse et légendaire « bataille de Kaffrine ». Son grand théoricien, Dame Mbodj, ne dit pas le contraire. L’enseignant et tonitruant syndicaliste va finalement atterrir à Diamniadio, par la magie de la politique.
Alors les gars, rangeons tous nos CV dans les tiroirs! Les pro-Sonko sont déjà à table, cuillère à la main. Ils vont d’abord prendre leur part du gâteau. Teuss ! Mais en fin de compte, c’est cela aussi la politique. La réalité du pouvoir est très différente de celle de l’opposition.
Les appels à candidature pour certains postes, annoncés en grande pompe, sont pour l’instant mis en stand-by. Parce que cette démarche, bien que salutaire aux yeux de l’opinion, serait peut-être le meilleur moyen pour des gens dits du système, visiblement plus expérimentés, de rester aux affaires. Même si certains y sont déjà parvenus en empruntant d’autres raccourcis. Demandez à Tata Aida. Celle-là, qui fut « la lionne de Bambey » dès les tout premiers jours du règne du vieux Pape du Sopi –Que Dieu lui Prête longue vie–, est aujourd’hui chargée de trouver des financements pour les jeunes et les femmes entrepreneurs. Pourtant, elle n’est pas du système, elle a juste pratiqué le système, nous dirait-on.
Pendant ce temps, Tonton Habib a su trouver un bon confortable fauteuil pliant. Ce vieux baron de la classe politique sénégalaise, qui visait, il y a quelques semaines, la magistrature suprême, réussit tout de même à s’adjuger le statut de président, celui du Conseil d’administration de la Senelec. En bon commissaire aux enquêtes économiques à la retraite, il aura certainement un œil sur cette grande société qui ne donne aucune chance aux « goorgorlu ».
Pour l’ex-capitaine Touré, il va désormais « enfiler » à nouveau la tenue, mais celle d’un directeur de la sécurité de proximité. En attendant sa probable intégration dans les rangs de la gendarmerie.
La nomination de Toussaint Manga, quant à elle, semble symboliser l’incohérence de ce 14 mai. Ce médecin est appelé à quitter les salles de soin, déjà désertes, pour concentrer toute son énergie à la tête de la loterie nationale. Il devient ainsi le « naar bi » en chef et il devra donc tout faire pour convaincre les jeunes, grands chômeurs désespérés, à tenter leur chance pour gagner leur vie autrement, -et pas dignement-, à leurs risques et nombreux périls. Dans ce magnifique pays, on bannit le « tog muy dox », mais on tient quand même à la bonne marche des jeux de hasard, quitte à « léser » le stratégique secteur de la santé. C’est cela aussi le nouveau « Projet ».