Journée de la presse] Les médias classiques à l’heure de la remise en question face au diktat des réseaux sociaux
3 mai 2024Durant ces vingt dernières années, l’internet a permis aux journalistes d’accéder librement et instantanément aux informations à l’échelle locale, nationale et internationale. Ceci grâce notamment à l’apparition des réseaux sociaux. Internet transforme ainsi la manière de travailler des journalistes. Mais à quel prix ? Les médias classiques comme la presse écrite, la radio ou encore la télévision ont perdu le monopole d’émetteur de leur principal outil de travail : l’information. Une partie de leur public préfère s’informer sur les réseaux sociaux. En plus, il existe une certaine défiance du public envers ces médias. D’aucuns allant même jusqu’à considérer que les journalistes ne sont pas objectifs dans le traitement de l’information au Sénégal.
Les réseaux s’imposent et imposent leur diktat à tous y compris aux médias classiques. Au point de bousculer l’influence des médias classiques, télévision, radio, presse écrite et presse en ligne. Le traitement et la diffusion des informations à travers les canaux traditionnels sont soumis à une rude concurrence. Dans la pratique, depuis quelques années, ce sont les réseaux sociaux qui informent les journalistes et qui imposent les sujets à traiter par les médias. Une vraie ironie du sort. Aujourd’hui, ces médias de masse font face à une concurrence redoutable et redoutée avec l’arrivée des réseaux sociaux qui investissent le champ de l’opinion, de la production de contenus et de l’information. Tout en facilitant l’accès à l’information, ces plateformes d’interaction à grande échelle perturbent parfois le travail des journalistes. «Une assimilation faite entre le travail des journalistes et celui réalisé dans les réseaux sociaux, parvient à donner une certaine confusion dans l’esprit des usagers de l’internet», affirme Mamadou Ndiaye, directeur de la Communication, du Numérique et du Pôle Edition du groupe E média qui compte une télévision, une radio, un site en ligne et un quotidien.
A l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad), la fraîcheur matinale berce les visages à l’entrée du couloir de la mort qui est en chantier. Abdoulaye Ndiaye, lui, passe en revue les Unes du jour chez le vendeur de journaux. En pullover, le jeune étudiant tient son sac à dos et prend connaissance de l’actualité. « Je viens ici à chaque fois que j’ai cours pour juste voir les Unes avant de continuer ma route. Mais j’achète rarement ces journaux. La plupart du temps, je m’informe sur le net», glisse le jeune homme de 22 ans, étudiant au département d’Anglais. « Il est plus pratique pour les personnes de ma génération de s’informer à partir des réseaux sociaux», ajoute M. Ndiaye, originaire Fatick. Le vendeur de journaux, drapé sous le sceau de l’anonymat, confirme que les étudiants achètent rarement. « Mes clients, ce sont les particuliers qui passent ou les hommes un peu âgés. Maintenant les personnes s’informent sur internet notamment sur les réseaux sociaux», se résigne le quinqua, visage ridé marqué par le poids des années. Ndiémé Faye, étudiante au Centre d’études des sciences et techniques de l’information (Cesti), abonde dans le même sens mais apporte quelques nuances : « Certes aujourd’hui, les gens s’informent plus sur les médias sociaux, mais il y a certains qui continuent à regarder le journal télévisé ou à lire un journal. Ils éprouvent du plaisir à lire ».
Selon un rapport publié par Datareportal, plateforme qui montre des statistiques détaillées sur l’utilisation d’internet, des médias sociaux et du mobile dans le monde, le Sénégal comptait 3,71 millions d’utilisateurs des réseaux sociaux en janvier 2024, soit, 20,6% de la population totale du pays. Une étude réalisée par Afrobarometer indique qu’entre 2021 et 2023, 58% des Sénégalais « accèdent aux actualités sur l’internet ou sur les réseaux sociaux ou les deux quelques fois par semaine ou tous les jours ».