Cambriolage dans certaines localités de Dakar : ce que risquent les 10 accusés qui ont tous comparu devant la chambre criminelle

Cambriolage dans certaines localités de Dakar : ce que risquent les 10 accusés qui ont tous comparu devant la chambre criminelle

21 juin 2023 0 Par admin

Ils étaient 10 accusés à comparaître, hier, devant les juges de la chambre criminelle de Dakar pour des faits de vol aggravé. Le représentant du ministère public a requis une peine de réclusion criminelle de 5 ans contre 4 d’entre eux. S’agissant des autres, ils encourent des peines allant de 6 mois à 1 an d’emprisonnement ferme.

Entre 2017 et 2018, des cambriolages ont été notés dans certaines localités de Dakar, notamment Maristes, Ouakam, Fann et Ngor. Les malfaiteurs jetaient leur dévolu sur les maisons huppées. Plus de 32.000.000 de francs CFA ont été emportés par les cambrioleurs. Même le tribunal de Dakar n’a pas été épargné par ceux-ci. En effet, c’est suite à des plaintes datant du 24 avril et du 15 juillet 2018 que les agissements du gang ont pris fin. La Sûreté Urbaine a été saisie de ces deux plaintes relatives à des cambriolages aux domiciles des commerçants chinois Zhu Peng et Li Qiang. Plus de 14.000.000 de francs CFA ont été emportés.

Mais grâce aux images des caméras de surveillance de l’immeuble, les auteurs du vol ont été identifiés. Il s’agissait des nommés Serigne Cheikh Dia et Mamadou Doumbouya. Et c’est grâce à un informateur anonyme qu’ils ont pu obtenir l’adresse de ce dernier qui se trouve sur l’avenue Lamine Gueye. Un transport effectué à son domicile a permis aux enquêteurs de saisir la somme de 4.000.000 de francs CFA dissimulé dans son armoire. Son père entendu révèle que Doumbouya s’est réfugié au Mali quand il a appris qu’il était recherché.

Par ailleurs, interrogée, Bineta Ndiaye, fiancée de Mamadou Doumbouya a apporté plus de détails concernant cette affaire. Elle a expliqué que ce dernier  était le serrurier assistant de Serigne Cheikh Dia et que les deux travaillaient pour le compte du père de Dia au Palais de justice de Dakar où ils avaient d’ailleurs eu à voler des ordinateurs, des disques durs externes et divers objets. Elle a soutenu avoir révélé que Mamadou Doumbouya alias Papis l’avait battue et poussée du 3e étage d’un immeuble, lui causant ainsi deux mois de coma.

Elle renseigne que durant sa convalescence, elle avait appris que des chinois avaient été victimes de cambriolages commis par son petit ami, Serigne Cheikh Dia, l’agent de police Evariste Ndecky et le gendarme auxiliaire Pape Samsidine Sagna. Elle a d’ailleurs identifié Mamadou Doumbouya alias Papis, supportant le coffre-fort, et Serigne Cheikh Dia, conduisant le scooter, sur les images de la caméra de surveillance qui lui avaient été montrées. Elle a allégué que le sieur Doumbouya lui avait causé la perte d’un œil et une paralysie des membres et que sa plainte, déposée à la Brigade de recherches de Dakar, n’avait pas prospéré à cause des interventions du nommé Sagna auprès des gendarmes en disant en outre que les sieurs Sagna et Diakhaté, sur demande de Mamadou Doumbouya alias Papis, l’assistaient lors de ses déplacements à l’hôpital.

En poursuivant les investigations, les flics sont parvenus à mettre la main sur 10 personnes. L’agent de police Evariste Ndecky parvient à prendre la fuite et un mandat d’arrêt a été décerné contre lui. Si Doumbouya et deux de ses acolytes sont en détention depuis 2018, les autres concernés dont sa sœur et son oncle ont bénéficié d’une liberté provisoire.

Ils ont tous comparu hier mardi, à la barre de la Chambre Criminelle du tribunal de grande Instance de Dakar. Tous les accusés à l’exception de Doumbouya ont contesté les faits. En effet, celui-ci dit avoir cité Serigne Cheikh Dia, Alioune Diakhaté, Pape Abdoulaye Faye et Saer Mbengue à tort. À l’en croire, il a cité Dia dans la cause parce qu’il avait une dent contre lui. S’agissant des autres, il les a mentionnés comme étant ses complices parce qu’il a été torturé par les enquêteurs. Néanmoins, il a pris la responsable d’avouer quelques cambriolages. Selon lui, il n’a volé que 5.000.000 de francs CFA. Et pour justifier son acte, il évoque l’accident de sa copine. Il déclare qu’il la prenait en charge. «Chaque semaine je devais débourser plus de 500.000 francs CFA pour ses soins médicaux. À un certain moment, je n’avais plus de ressources. C’est ainsi que j’ai commencé à commettre des vols dans certains endroits de la capitale», a-t-il reconnu.

Sa sœur et son oncle à qui on a reproché d’avoir gardé une partie des sommes d’argent volées, leur avait été confiée. Ce que Marème Doumbouya a formellement contesté en révélant qu’à l’époque de la saisine des 4.000.000 dans leur domicile, ils avaient des arriérés de location. Son oncle quant à lui renseigne qu’il a refusé de prendre le sachet rempli d’argent qu’il a voulu lui confier.

Pour sa part, Serigne Cheikh Dia très affecté par cette situation, regrette d’être cité dans cette affaire à cause du différend qui l’opposait à son ami. Ses biens saisis, il informe qu’il a fructifié ses avoir grâce à son commerce. Pour avoir acheté un ordinateur volé, Baye Pathé Niang est tombé dans les filets des flics. Lors de la fouille de son domicile, un faux billet de 10.000 francs CFA et une arme ont été saisis. Pour sa défense, il déclare que ce billet de banque, il l’avait déchiré et que l’arme à feu appartenait à son père décédé depuis 2010. Magueye Wade pour sa part dit ignorer l’origine frauduleuse de l’épave de l’ordinateur qu’il avait acheté auprès de Doumbouya.

De son côté, le gendarme auxiliaire Samsdine Sané affirme que c’est 8 mois après l’arrestation des autres qu’on a procédé à son  interpellation. «Je pouvais prendre la fuite comme l’agent de police. Je n’ai rien à me reprocher. Doumbouya je l’ai connu au tribunal. Après je n’ai plus de ses nouvelles jusqu’à son arrestation par les éléments de Faidherbe», a-t-il soutenu.

Malgré leurs dénégations, Mamadou Doumbouya, Samsdine Sané, Serigne Cheikh Dia et Pape Abdoulaye risquent 5 ans de réclusion criminelle si le juge suite le réquisitoire du parquet. S’agissant des autres, ils encourent des peines allant de 6 mois à 1 an d’emprisonnement ferme. À l’exception de l’avocat de Mamadou Doumbouya qui a sollicité une application bienveillante de la loi, les conseils des autres accusés ont demandé l’acquittement pour leurs clients.