Après sa libération : Bougane Gueye Dany assume ses propos et retrace le film de son audition
4 octobre 2024Il est devenu durant ces dernières 24 heures la personnalité politique la plus suivie sur les réseaux sociaux. Bougane Gueye Dany a davantage gagné en notoriété suite à sa convocation à la Police après ses déclarations tenues lors d’une conférence de presse, défendant le contraire de ce qu’avait soutenu le Premier ministre sur l’état des finances publiques entre 2019 et 2023. Libéré hier et son dossier classé sans suite, le leader du mouvement Gueum Sa Bopp Les Jambars a tenu une conférence de presse d’après match. « Je suis un passionné du Sénégal. Je reste un démocrate », dira-t-il d’emblée, face aux journalistes. Saluant la mobilisation des acteurs de la Société civile, des mouvements sociaux et des jeunes de Gueum Sa Bopp, Bougane Gueye Dany a tenu à remercier tout le monde, des guides religieux, aux chefs coutumiers, en passant par les acteurs de la classe politique qui se sont manifestés à ses côtés dans ce contexte de privation des libertés.
«J’ai assumé tous mes propos. Je n’ai pas varié d’un iota. J’ai dit que les mensonges du Président du parti Pastef sont à chercher dans ses propos»
Il est revenu dans la foulée sur son audition dans les locaux de la Division spéciale de Cybersécurité, louant toutefois « le professionnalisme des enquêteurs. » Interpellé sur ses propos tenus autour d’une conférence de presse pour apprécier les chiffres rendus publics par le Premier ministre sur l’état des finances publiques de 2019 à 2023, Bougane Gueye Dany dira avoir maintenu ses déclarations et même produit des preuves qui contredisent Ousmane Sonko. Entendu sur les chefs de diffamation et d’injures publiques, il dira : « J’ai assumé tous mes propos. Je n’ai pas varié d’un iota. J’ai dit que les mensonges du Président du Parti Pastef sont à chercher dans ses propos. Car, il a dit lui-même que le rapport n’est pas encore certifié. Comment peut-on se prononcer sur un rapport qui n’a pas encore été certifié ? Pour ma part, j’ai mis sur la table des rapports qui contredisent ses chiffres, avant d’ajouter qu’il a lui-même traité l’ancien Président de menteur. Au nom de quoi, s’il ment, nous autres n’avons pas le droit de crier au menteur ? »
«Mon seul problème avec lui, c’est le sens de la vérité. S’il persiste dans ses mensonges, à la minuté qui suit, nous ferons une déclaration pour le démentir »
Rappelant ensuite s’être adressé au Président du Parti Pastef, il dira qu’il n’a qu’un problème avec Ousmane Sonko, pour répondre aux questions des enquêteurs. « Mon seul problème avec lui, c’est le sens de la vérité. S’il persiste dans ses mensonges, à la minuté qui suit, nous ferons une déclaration pour le démentir », prévient-il. D’ailleurs, sur les données économiques et budgétaires qui seraient falsifiées, Bougane y ajoutera la responsabilité de certains fonctionnaires de l’administration des finances qui, selon lui, se sont rendus coupables de ces faits sans les avoir dénoncés. « Si des données ont été falsifiées, il faut aussi rappeler que le Ministre des finances et du budget, Cheikh Diba, était à cette époque le Directeur de la programmation budgétaire. Et pourtant, c’est lui-même qui a conduit une mission aux Etats-Unis pour négocier le budget triennal d’investissement au FMI. Je dis bien, si les chiffres sont falsifiés, tous ceux qui étaient dans cette mission sont des faussaires », insiste le leader du Mouvement Gueum Sa Bopp. « Les enquêteurs m’ont ensuite demandé si j’étais conscient que mes propos pouvaient nuire à l’image du Sénégal. Je leur ai répondu que Ousmane Sonko a été le premier à ternir notre image en disant que notre pays a produit des chiffres erronés », ajoutera-t-il.
«J’ai répondu aux enquêteurs que Ousmane Sonko a été le premier à ternir notre image en disant que notre pays a produit des chiffres erronés »
C’est ainsi qu’il a signé les procès-verbaux, selon lui, avant que les enquêteurs ne reviennent plus tard lui notifier sa garde-à-vue. « Quand j’ai lu la notification, j’ai constaté l’absence des faits pour lesquels j’ai été entendu, à savoir diffamation et injures publiques. A la place, ils ont ajouté diffusion de fausses nouvelles. C’est là que j’ai refusé de signer, parce que je n’ai pas été entendu sur ce chef d’accusation que je découvre à l’instant même », a-t-il précisé.
«Sachant qu’il n’avait aucune raison valable, pour me priver de ma liberté, le juge a été sage pour faire le bon choix. Nous saluons son courage»
Conduit au Commissariat du Plateau où il a passé la nuit, Bougane Gueye Dany sera remis en liberté le lendemain par le juge d’instruction qui, selon lui, a été clairvoyant dans sa décision « Sachant qu’il n’avait aucune raison valable, pour me priver de ma liberté, le juge a été sage pour faire le bon choix. Nous saluons son courage », dira-t-il, non sans ajouter : « le monstre veut utiliser la justice, mais ce sera peine perdue. »