Agressions à main armée, vol à l’arrachée et scènes de saccage lors des combats de lutte : à quand une réponse ferme de l’État ?
19 janvier 2023Qui va arrêter les semeurs de trouble qui sévissent de manière systématique à l’occasion des combats de lutte ? Ce dimanche, à l’issue du combat de lutte qui mettait aux prises Zarko à Ada Fass, à l’arène nationale de Pikine, des scènes surréalistes, dignes d’un film hollywoodien, ont été parfois filmées dans certains quartiers où des agresseurs ont dicté leur loi. Le visage à découvert, souvent en bande organisée, machettes aiguisées ou objets tranchants en main, les hors-la-loi ont fait une véritable razzia en toute impunité !
Sur leur chemin (avant et après l’événement), tous ceux qui avaient le malheur de les croiser au niveau de l’autoroute national 1, dans les alentours de l’arène nationale de Pikine et au niveau de certaines artères de Dakar, y ont laissé leurs biens. Rien n’a été épargné par les malfaiteurs, scooters, téléphones portables, sacs à main et autres objets de valeur, rien n’a été laissé aux pauvres citoyens impuissants. C’est à se demander si nous sommes réellement dans un pays de droit où la sécurité des honnêtes citoyens est assurée par l’État qui est en le principal garant.
À ce propos, ce fut un moment ou l’ancien ministre des sports, Matar Ba, annonçait un projet de construction d’un commissariat de police (avec pas moins de 150 éléments en poste), juste à côté de l’arène nationale de Pikine qui est une zone criminogène bien identifiée. Nous étions au mois de février 2019, près de 4 ans plus tard, toujours rien. Aucune mesure concrète n’a été prise par l’État du Sénégal pour endiguer cette vague de violence qui s’est sournoisement instaurée au point de devenir la norme.
Car, il faut reconnaitre que face à cette situation très sérieuse, le comité de gestion de la lutte (Cng), sous la houlette du nouveau président, Bira Sène, ne peut pas régler ce problème de sécurité publique. Si des efforts sont faits lors des journées de lutte, avec le déploiement d’un dispositif de sécurité impliquant les forces de l’ordre (police, gendarmerie, sapeurs-pompiers) et des agences privées de protection, au sein de l’arène et dans les alentours, cela reste clairement insuffisant.
Face à la foule immense au sein de laquelle, amateurs de lutte et malfaiteurs se mélangent, il est difficile d’identifier et d’arrêter les responsables de ces forfaitures. Même dans l’éventualité où ils seraient pris sur le fait, leur modus operandi et leur mobilité rend toute intervention très difficile pour ne pas dire impossible. Mais alors comment faire pour les arrêter, les dissuader de commettre ostensiblement ces agressions ?
Il est évident que la solution viendra d’une volonté réelle de l’État, à renforcer les commissariats de police et brigades de gendarmerie, pour une présence effective et en masse dans les points « chauds. » La force dissuasive, et la présence permanente des forces de l’ordre, suffisamment équipés et correctement pris en charge, sera forcément impactante voire répressive face à cette situation délétère.
Au regard de la violence et de l’anarchie qui gagnent inexorablement du terrain dans l’espace public, il y a de quoi s’alarmer ! En réalité, et malheureusement, la lutte sert juste de vecteur pour ne pas dire d’amplificateur d’une insécurité déjà galopante sur le terroir sénégalais où les faits divers rocambolesques font assez souvent la Une des quotidiens.
Est-ce trop demander pour les populations, d’avoir ne serait-ce qu’un sentiment ou au moins une impression de sécurité, même devant la porte de leur domicile ? En l’absence d’une riposte ferme et surtout systématique de l’autorité étatique pour ne pas dire des forces de l’ordre, les bandits du dimanche ont une fois encore semé leur lot de violence sans vraiment être inquiétés… Sur les réseaux sociaux il est devenu banal de visionner des vidéos sur lesquelles on peut voir des individus souvent très jeunes, s’adonner à des agressions à main armée. Et cela n’alerte personne ?
Au Sénégal, particulièrement dans la capitale, Dakar, les populations vivent désormais dans une peur bleue et une insécurité totale avant, pendant et après ces joutes qui drainent des foules monstres. Ce n’est plus un simple phénomène passager, mais plutôt une inquiétante et dangereuse situation. Une situation qui, sous le silence ou du moins l’impuissance affichée des instances en charge de la lutte (Cng) et des autorités étatiques, prend une ampleur disproportionnée. Il est temps de siffler la fin de ce règne de la terreur…